Marie Angélique Josèphe Duchemin est la première femme soldat à avoir été admise aux Invalides. Aventurieux vous raconte aujourd’hui l’histoire de cette femme incroyable, symbole de l’équité au sein de l’armée française.
Vous avez sans doute déjà entendu parler des Invalides de Paris. Ce monument construit par Louis XIV qui devait accueillir les militaires blessés de guerre. Si cela apparaît comme un magnifique geste de générosité, en réalité, il servait un dessein plus politique.
Une histoire de convenances
En effet, la guerre de Cent Ans a laissé de nombreux militaires infirmes. À leur retour, ils erraient dans les rues de Paris, traînaient sur le pont Neuf, et étaient souvent mêlés aux violences dans les rues. La population se plaint de ce comportement, et Louis XIV construit les Invalides.
Par la suite, Napoléon entretiendra une relation très étroite avec ce bâtiment. Il y organise de somptueuses cérémonies, y remet des médailles aux militaires méritants…
Vous l’aurez compris, les Invalides et l’univers militaire sont indissociables. Mais Aventurieux a décidé de vous parler de ce monument incontournable de la capitale à travers l’histoire d’une femme.
Une femme soldat
Angélique Marie Josèphe Duchemin. Ce nom ne vous dit peut-être rien… Et pourtant il s’agit de la première femme militaire blessée, qui a été admise aux Invalides, en 1802. Et pour l’époque cela est assez incroyable.
Il faut bien comprendre que sous l’Ancien Régime, les femmes avaient une place dans l’armée. Mais pas question qu’elles prennent les armes, elles étaient cantonnées au camp. Certaines étaient blanchisseuses, d’autres cantinières ou bien vendeuses de charmes. Toutefois, certaines femmes au caractère bien affirmé se travestissaient pour pouvoir prendre les armes.
Une femme adulée
Angélique décide pourtant d’assumer sa féminité au sein des armées. Elle est fille, sœur et femme de militaire. À la suite de la mort de son mari, elle s’engage dans l’armée et se distingue lors des batailles. Elle sera promue sergent major à la fin de sa carrière. D’ailleurs sa bravoure est louée par ses supérieurs :
“elle s’est battue avec nous avec le courage d’une héroïne ; que les rebelles corses et les Anglais ayant chargé d’assaut, nous fûmes obligés de nous battre à l’arme blanche ; qu’elle a reçu un coup de sabre au bras droit et, un moment après, un coup de stylet au bras gauche, que nous voyant manquer de munitions, à minuit, elle partit, quoique blessée, pour Calvi, à une demi-lieue, où, par le zèle et le courage d’une vraie républicaine, elle fit lever et charger de munitions environ soixante femmes, qu’elle nous amena elle-même escortée de quatre hommes, ce qui nous mit à même de repousser l’ennemi et de conserver le fort, et qu’enfin nous n’avons qu’à nous louer de son commandement”
Détachement du 42e régiment, en garnison à Calvi
Elle n’a que 25 ans et pourtant, elle est déjà grièvement blessée. Elle dépose donc une demande d’entrée aux Invalides et y sera acceptée 7 ans plus tard. Il s’agit alors de la première femme soldat admise aux Invalides. Mais son histoire ne s’arrête pas là puisqu’elle deviendra aussi la première femme Chevalier de la Légion d’Honneur à l’âge de 79 ans.