Quand on pense “Camargue”, on pense généralement grandes étendues de terres sauvages. Mais en réalité, ce petit bout de France, c’est aussi des femmes incroyablement fortes et courageuses. Aventurieux vous emmène dans les coulisses des Manades.
Avant d’arriver en Camargue, nous étions allées à la rencontre de femmes en Auvergne, puis en Rhône-Alpes, et enfin en Provence Alpes Côte d’Azur. Nous avions fait la connaissance de ces femmes qui se battaient pour leur cause : la création, l’environnement, la transmission des traditions… Mais jamais encore nous n’avions rencontré de femmes qui se battaient seulement pour être respectées en tant que femme dans leur propre travail. C’est pourtant le cas dans le milieu des manades françaises.
Une Manade ? C’est quoi ?
Pour faire simple, une manade, c’est une exploitation sur laquelle vit un élevage de taureaux, de vaches ou de chevaux en Camargue. Ces animaux sont entraînés par les manadiers et manadières pour participer ensuite aux courses camarguaises, des jeux traditionnels de la région.
Un milieu très macho
Depuis que les manades existent, les hommes sont aux commandes. Et pourtant, depuis que les manades existent, les femmes sont indispensables à leur fonctionnement… Oui, oui. Ce que je veux vous dire c’est que les exploitations ne tournent pas sans que les femmes soient de la partie. Alors pourquoi est-ce un milieu aussi misogyne ?
Toutes les manadières (et même certains manadiers progressistes) s’accordent à dire que les mentalités n’ont jamais évoluées par rapport à la reconnaissance de la femme dans le milieu. “ Nous faisons exactement les mêmes travaux que les hommes ; nous montons à cheval, nous nourrissons les troupeaux, nous les soignons même parfois…. Et en plus de tout ce qu’il y a à faire sur l’exploitation, nous nous occupons de toute l’intendance domestique” avoue Nicole.
Il faut partir du principe que le milieu manadier est très machiste. Il ne faut pas chercher à comprendre pourquoi, car la plupart des excuses que vous pourrez entendre sont des foutaises. Nous, quand nous avons découvert cela, nous étions loin de nous douter qu’une telle misogynie pouvait être encore présente en 2019 en France.
Petite histoire et grande signification…
Pour vous donner quelques exemples de ces injustices, il suffit de se rendre à une réunion de manadiers. En effet, à capacités égales de manadier, les femmes n’ont absolument pas le droit de monter à cheval, et encore moins de porter l’habit traditionnel du gardian (éleveur de manade) lors des cérémonies officielles. Vous verrez donc les manadières à pied, derrière le cortège.
Nicole Lafisca est manadière. Un jour, elle a voulu braver les interdits et montrer à ses amis qu’elle était fière de son métier. Lors de l’enterrement d’une proche amie manadière, dans le but de lui rendre hommage, elle a tenu un trident. Il s’agit seulement d’un outil pour guider les taureaux et les entraîner pour les courses camarguaises.
Mais cet outil, partie intégrante de la tenue de guardian, est exclusivement réservé aux hommes en public. Pour avoir pris la liberté de se faire prendre en photo avec un trident, Nicolle Lafisca a essuyé un nombre incroyable de critiques. La photo qu’elle avait postée sur les réseaux sociaux a dû être instantanément retirée…
Si nous avons choisi d’écrire cet article, ce n’est pas pour jeter la pierre, ni pour crier “ô féminisme !” Ce que nous voulons, nous, c’est rendre hommage à ces femmes qui luttent chaque jour pour exister en tant que telles dans leur quotidien… Pour que jamais une femme ne baisse les yeux parce qu’elle est une femme.