En haut de la rue Soufflot, Le Panthéon domine les alentours. Ce majestueux bâtiments, d’abord construit pour être une église, est aujourd’hui un lieu important de la République. Les grands hommes et les grandes femmes y reposent depuis la fin du XVIIIe siècle.
Une petite histoire du Panthéon
Au XVIIIe siècle, il est décidé par Louis XV de construire une église sur la montagne Sainte-Geneviève. Le sol de cette “montagne” est très instable ce qui rend les travaux débuté en 1764 très lent.
En 1791, suite à la Révolution Française, l’église devient un temple dédié aux acteurs de la Révolution. Le bâtiment devient donc un panthéon et subit quelques modifications architecturales. Les fenêtres sont notamment rebouchées et les clochers sont détruits.
Le Panthéon commence à accueillir les “grands hommes”. Mirabeau est le premier a y entrer en avril 1791, il est rejoint en août par Voltaire.
Si Mirabeau est le premier à y entrer, il est également le premier à en sortir ! Un an après sa panthéonisation, on retrouve des lettres issues d’une correspondance entre Mirabeau et le Roi. C’est une véritable trahison envers la Révolution. La dépouille de Mirabeau est donc retirée du Panthéon.
Pour le record du plus court séjour au Panthéon, c’est Marat qui le détient. Panthéonisé en temps que martyr de la Révolution, il est finalement éjecté à son tour 6 mois après son entrée au Panthéon.
Rousseau intègre le Panthéon en 1794. Son tombeau est installé juste en face de celui de Voltaire. Pour la petite anecdote, ces deux là ne s’aimaient pas beaucoup de leur vivant et ils sont maintenant face à face depuis un peu plus de deux siècles.
En 1802, pendant le consulat, le Panthéon devient un bâtiment hybride. La partie supérieure redevient une église tandis que la crypte garde sa fonction de Panthéon.
En 1815, la monarchie est rétablie et Louis XVIII fait du monument une église dans sa globalité. Néanmoins il laisse les corps dans la crypte.
Après les 3 Glorieuses de 1830, pendant la Monarchie de juillet, le roi Louis Philippe gouverne avec un parlement et le bâtiment redevient Panthéon.
Le 2 décembre 1851, Napoléon III fait son coup d’état et c’est le début du Second Empire. Le Panthéon redevient alors une église jusqu’en 1855.
Le 22 mai 1855, Victor Hugo décède. Les funérailles nationales sont décrétés et il est panthéonisé à l’issu du long cortège qui traverse Paris le 1er juin 1855. Près de 2 millions de personnes assistent aux funérailles.
Aujourd’hui, 79 personnes sont enterrées au Panthéon. Parmi elles, 75 seulement sont panthéonisées. Le premier “non-panthéonisé” est Jacques-Germain Soufflot, c’est l’architecte du Panthéon, il est donc décidé qu’il y avait mérité sa place. Et les autres alors ? Comment cela est-il possible ? Un point sur les règles de la panthéonisation s’imposent pour comprendre tout cela.
Les règles de la panthéonisation
- Il faut un nom : cette question s’est posé pour le soldat inconnu. Fallait-il l’enterrer au Panthéon ? Finalement, la question est tranchée : pas de nom pas de Panthéon. Une statue de poilu endormi rend cependant hommage à tous les soldats de la Première Guerre Mondiale.
- Il faut avoir un corps à enterrer : le cas le plus célèbre est celui d’Antoine de Saint-Exupéry. Comme il a disparu, il a été impossible de l’enterrer. Une cérémonie pour lui rendre hommage a eu lieu mais Antoine de Saint-Exupéry n’a pas été panthéonisé.
- La panthéonisation ne peut pas aller contre la dernière volonté du défunt : si ce dernier a clairement exprimé son refus d’être panthéonisé, son choix est respecté. Un hommage est néanmoins organisé.
- Si le panthéonisé a exprimé le souhait d’être enterré avec sa femme ou son mari, cette volonté est respectée. C’est pourquoi on y trouve des “non-panthéonisés” comme par exemple Antoine Veil, mari de Simone Veil ou Sophie Berthelot, femme de Marcellin Berthelot.
- Il faut être de nationalité française.
- Il faut l’accord de la famille du défunt : Les enfants d’Albert Camus ont refusé que leur père soit panthéonisé.
- De même, les enfants peuvent imposer des conditions.
- Les personnalités panthéonisées doivent incarner la République et la Liberté ou avoir participé au rayonnement de la France
- Il faut attendre 10 ans entre le décès et la panthéonisation afin d’éviter le scandal de “dépanthéoniser” quelqu’un si l’on découvrait, après sa mort, des faits contradictoires à la règle précédente. C’est notamment ce qui est arrivé à Mirabeau et Marat. Une exception est faite lorsque la personnalité se voit offrir des funérailles nationale. C’est le cas de Victor Hugo ou encore Simone Veil.
Une fois toutes ces conditions remplies, le Président de la République signe le décret ordonnant la panthéonisation.
Le pendule de Foucault
Dans la partie supérieure du Panthéon, vous pourrez admirer un immense pendule installé en 1851. S’il est installé ici c’est parce qu’à l’époque c’est la plus grande hauteur sous plafond de tout Paris. Il est constitué d’une sphère en laiton creuse qui pèse 28kg (la sphère actuelle pèse 42kg) qui oscille au bout d’un fil de 67m de long.
À quoi servait donc une telle installation ? Foucault, grâce à son pendule, cherche à prouver que la Terre tourne sur elle-même non pas en utilisant la méthode classique d’observation du ciel mais, en utilisant le sol.
Le pendule se décale de 2 mm toutes les 16,5 secondes. Mais ce n’est pas le pendule qui change de trajectoire, c’est en fait le cadran qui bouge puisque la Terre bouge. Du temps de Foucault le mouvement est continu, aujourd’hui la sphère de laiton s’arrête au bout de 4 à 5 heures de balancement. Mais si vous faites la visite guidée du lieu, vous aurez le droit à une démonstration par votre guide.
Pour un tour complet du cadran il faut 32h. Mais ce temps varie selon la position du pendule sur la Terre. Si vous placez un pendule sur l’équateur, il faudra 400 ans à celui-ci pour faire le tour de son cadran. Incroyable, non ?
Le Panthéon est un lieu dans lequel on se sent tout petit, la grandeur de l’édifice n’en n’est pas la seule raison. Il suffit de déambuler dans la crypte pour se rendre compte que c’est la présence de ces hommes et ces femmes qui contribue à cette atmosphère si particulière.