Le Jardin d’Acclimatation est l’un des parcs d’attraction les plus emblématiques de Paris. Aventurieux a pris son courage à deux mains pour vous raconter l’histoire à la fois heureuse et malheureuse de ce lieu pédagogique unique en France.
Le Jardin d’Acclimatation est classifié comme “Parc d’Attraction”. Mais il n’a pas toujours eu cette fonction ! En 1854, le zoologiste Isidore Geoffroy Saint-Hilaire se donne une mission. Profiter de la réhabilitation du bois de Boulogne pour construire un parc d’animaux tropicaux.
Objectif ? Faire enfin découvrir aux enfants et aux familles les animaux du monde. On peut penser ce que l’on veut du système de zoo, mais à l’époque, un parc animalier de cette envergure avait une réelle utilité. L’idée était d’acclimater les animaux exotiques au climat français afin qu’ils puissent par la suite participer aux travaux agricoles, commerciaux ou aux loisirs de la population.
Un parc éducatif aux heures heureuses…
Napoléon III est vite séduit par le projet. Il inaugure donc le Jardin d’Acclimatation le 6 octobre 1860. Et l’ouverture fait un carton plein ! Girafes, ours, chameaux, et kangourous sont installés pour l’occasion. Le projet plaît tellement qu’un an plus tard, en 1861, un aquarium ouvre ses portes !
Cinq ans plus tard, en 1866, le Jardin compte plus de 110 000 animaux, répartis sur 19 hectares. Dès 1870, le parc diversifie ses activités, en mettant au coeur de son activité la science et le loisir.
On a souvent tendance à l’oublier, mais il était rare au XIXè de trouver un lieu de rassemblement pour faire passer des messages compris par la population des villes. C’est donc au Jardin d’Acclimatation que les familles assistent à des conférences sur l’hygiène, les voyages, l’acclimatation des animaux, ou encore la médecine.
Afin d’inciter les visiteurs à revenir, sans avoir une impression de “séances rébarbatives”, le parc devient alors rapidement un lieu de loisir pour les familles. Et c’est là tout le génie des concepteurs du parc ! Mêler sensibilisation à la science, découverte de nouvelles espèces animales et loisir. Un vrai cocktail gagnant !
C’est d’ailleurs dans cette optique que l’on installe des manèges, et que le parc organise des concerts, des rencontres sportives, ou encore des séances de cinéma en plein air. Pour l’époque c’est alors un vrai lieu de vie qui s’est construit. Les enfants peuvent apprendre en s’amusant !
Des heures plus sombres…
Dans cette logique d’exposer sans cesse de nouvelles espèces aux visiteurs, le parc animalier a parfois joué avec les limites de la moralité. En 1877, tout bascule. Le Jardin d’Acclimatation expose à son public des tribus d’humains. Africains, Indiens, Lapons ou Cosaques, des dizaines d’être humains sont enfermés dans des cages pour être exposés au public.
Il arrive parfois que les tribus soient classifiées, et placées à côté des animaux de leur pays d’origine. Pour les hommes de l’époque il s’agit de montrer au visiteur un pays dans sa globalité, en montrant des “hommes sauvages”. Pour nous, au XXIème siècle, c’est de la torture…
Un devoir de mémoire
Le Jardin d’Acclimatation a organisé il y a quelques années, en 2012, une superbe exposition dénommée “L’invention du sauvage”, en partenariat avec le Groupe de recherche Achac et la Fondation Lilian Thuram (Éducation contre le Racisme). Objectif : expliquer comment les préjugés se sont installés à propos de la couleur de la peau. L’exposition abordait aussi le respect de la culture d’un être humain.
Nous avons hésité à parler de cette partie de l’histoire du parc. Eh oui Aventurieux n’a pas pour vocation de vous saper le moral ! Nous voulons partager avec vous l’histoire de ce beau pays qu’est la France. Mais la France a aussi sa part d’histoire sombre. Et nous pensons qu’il ne faut pas l’omettre.
Il n’est pas évident d’écrire sur le sujet. Toutefois, par devoir de mémoire, nous avons décidé de rendre hommage à toutes les populations qui ont été exposées à nos ancêtres à travers cet article. Il est important de peser nos mots, tout en gardant à l’esprit qu’il s’agissait d’une époque différente, avec des mentalités différentes, et un rapport au monde différent…