Vous pensez peut-être que la dentelle au fuseau, c’est un truc de mamies complètement démodé. Que ça ne sert qu’à faire des napperons. Et ben que nenni mon ami, vous vous fourrez le doigt dans l’oeil jusqu’au coude ! Aventurieux a décidé de dépoussiérer la réputation de la dentelle au fuseau.
Aujourd’hui, les activités manuelles ont tendance à avoir la côte. On fait du scrapbooking, de la couture, de la pâtisserie, du “DIY” comme on dit dans le jargon (en se la pétant un peu). Et pourtant, peu de personnes m’ont un jour dit “eh bien moi le week-end je fais ma petite dentelle au fuseau tranquillou”.
Oui alors je vous vois venir avec vos questions qui nous mettent dans l’embarras… Je sais que vous pensez “Mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire d’un bout de dentelle… ? Des rideaux ? C’est complètement dépassé.” Et bien au risque de vous surprendre, nous sommes allées au musée de la dentelle d’Arlanc, et aucun rideau à l’horizon ! Au contraire, il y avait des pièces qui auraient ravi tant les demoiselles que les damoiseaux. Je parle bien-sûr de lingerie, de robes ajourées, de cols claudine et de vêtements pour enfant. Ça vous en bouche un coin n’est-ce pas ? Eh bien tant mieux. Suite à cela, nous nous sommes demandées pourquoi. Pourquoi la dentelle au fuseau n’a pas meilleure presse dans l’univers du Do It Yourself. Trop compliquée ? Pas assez connue ? Trop vieillotte ? Nous avons posé la question aux différents acteurs de la dentelle que nous avons rencontrés lors de notre passage en Auvergne.
Un changement majeur dans l’univers de la dentelle
Nous avons rencontré Marie-Paule Roux, dentellière depuis de nombreuses années. Les évolutions de son métier, elle les a vues et les a même vécues. “Au départ, les dentellières faisaient surtout de la dentelle au fuseau pour orner les taies d’oreiller et le linge de maison. Aujourd’hui elles font plutôt de la dentelle design. Des tableaux, des ornements pour les vêtements, et même des bijoux ! C’est grâce à cela que la dentelle séduit aujourd’hui les plus jeunes.”
D’ailleurs, en nous rendant à une réunion de dentellières à la mairie de Dore-l’Eglise, nous avons été surprises d’apprendre que parfois, ce sont les jeunes générations qui font découvrir la dentelle au fuseau à leurs mères et grands-mères. Eh oui, nous avons bêtement cru que les grands-mères transmettaient leur savoir-faire à leur descendance. Mais en réalité ce n’est pas toujours le cas.
Pour comprendre le pourquoi du comment, il faut retourner quelques siècles en arrière. Et c’est ainsi que l’on peut constater qu’une série d’événements a provoqué au fil du temps l’abandon de la dentelle au fuseau. Déjà au XVIIè siècle, Louis XIII décida de réglementer le métier de dentellière en publiant 3 édits :
- L’Ordonnance du Roy pour reprimer le luxe et superfluité qui se voient dans les habits et ornements d’iceux » du 6 février 1620
- la « Declaration du Roy portant reformation des habits et deffenses de porter passements d’or et d’argent et toutes sortes de dentelles de fil et point coupé » publiée le 29 décembre 1629
- l’ordonnance qui défendait aux sujets « de porter sur leur chemise, coulets, manchettes, coiffe et sur autre linge aucune découpure et broderie de fil d’or et d’argent, passements, dentelles, points coupés, manufacturés, tant de dedans que dehors le royaume » du 18 novembre 1633
En effet, de plus en plus de femmes devenaient dentellières et il devenait impossible pour les nobles de trouver du personnel de maison. Ben oui logique du coup… Moins de dentellières, plus de femmes de chambre… Ralala ces Français… Puis l’arrivée de l’industrie finit d’achever le métier de la dentelle à la main, autour des années 1820. Le retour à la dentelle date des Années 1970. C’est donc assez récent.
La dentelle au delà de l’Auvergne
Afin d’en savoir plus sur l’exportation de la dentelle à l’international, nous nous sommes rendues au Centre d’enseignement à la dentelle du Puy en Velay. C’est ainsi que nous avons pu apprendre que le centre de formation accueille chaque année de plus en plus de nationalités étrangères pour transmettre ce savoir-faire régional. Car la dentelle au fuseau séduit aujourd’hui beaucoup d’artistes. C’est notamment le cas de la tchèque Yana Novak qui sera exposée au musée de la dentelle d’Arlanc pour la saison 2019. La dentelle n’a pas fini de vous surprendre !
Les femmes de la famille de mon arrière grand-père étaient denteleuses
cdt
Génial ! J’espère qu’il vous reste de belles pièces !!