Saint-Sulpice est la plus grande église de Paris. Elle a connu un regain de popularité suite à la parution du roman Da Vinci Code de Dan Brown en 2003. Mais si l’auteur a utilisé cette église et bien c’est parce qu’elle était déjà assez connue grâce à son gnomon. Gno…quoi ? Pas de panique, Aventurieux vous explique !
L’histoire de l’église Saint-Sulpice
Tout d’abord, retraçons l’histoire de cette grande église.
Elle est construite entre 1645 et 1870 en remplacement d’une église plus petite dont la capacité ne permettait plus d’accueillir tous les paroissiens. Il a fallu plus de 200 ans pour construire cet édifice car les travaux ont été interrompus à plusieurs reprises.
Le 20 février 1646, la reine Anne d’Autriche pose la première pierre de l’extension, tout semble plutôt bien parti mais la Fronde (1648-1653) interrompt les travaux et l’architecte en charge du chantier décède en 1649.
En 1660, un nouvel architecte propose de nouveaux plans et les travaux redémarrent. La nef de l’ancienne église est conservée et rattachée au nouveau choeur de l’église. Néanmoins les travaux cessent à nouveau vers 1678 car la fabrique en charge des travaux est endettée et ne parvient plus à payer les artisans et ouvriers intervenant sur le chantier. Pour rembourser la dette, les paroissiens voient leur taxes augmenter pendant que les travaux n’avancent pas. L’église ne ressemble plus à rien, les paroissiens sont en colère.
En 1714, Jean-Baptiste-Joseph Languet De Cergy, un jeune curé, est nommé à Saint-Sulpice. Celui-ci a une idée originale pour récolter les fonds nécessaires à la reprise des travaux: une loterie !
Lancée en 1721, la loterie est un succès. Le billet coûte 20 sols et un tirage au sort a lieu tous les mois. 85% de l’argent est redistribué aux paroissiens et 25% revient à l’église. Cette loterie reste en place pendant 25 ans et l’église est finalement consacrée en 1745.
Mais les travaux ne sont pas terminés pour autant. La façade est toujours inachevée. Le curé lance alors un concours d’architecte. C’est le projet de Servandoni qui est choisi mais il n’aura pas le temps d’achever le chantier car il décède avant la fin. Les travaux continuent malgré tout mais les plans et les architectes se suivent laissant ainsi une asymétrie dans les tours qui ne seront jamais achevées selon les plans de Servandoni. L’église est néanmoins considérée comme achevée depuis 1870.
Qu’est-ce qu’un Gnomon ?
Revenons-en à ce curieux outil dont dispose l’église. C’est un instrument permettant de mesurer les variations de hauteur du soleil à midi (midi solaire) au cours de l’année. Un gnomon peut être un simple bâton planté dans le sol. On peut alors en fonction de la longueur de l’ombre ou de son orientation déterminer l’heure. Le midi solaire correspond au moment de la journée où l’ombre du bâton est la plus courte.
Le gnomon de Saint-Sulpice diffère du gnomon classique. Plutôt que d’utiliser un bâton qui projette une ombre. Un orifice dans le vitrail en face de l’obélisque laisse rentrer un rayon de soleil. Cette ouverture située à 25 m du sol était à l’origine équipée d’une lentille qui projetait l’image du soleil le long d’une ligne de laiton. La réglette en laiton traverse l’église dans un axe nord-sud et forme ce que l’on appelle le méridien de Saint-Sulpice. La ligne semble finir sa course au nord sur un obélisque.
Trois graduations rythment le méridien. Une plaque de marbre indique le solstice d’été, un rond en laiton au bord du choeur de l’église symbolise les équinoxes de printemps et d’automne et lorsque le soleil atteint le sommet de l’obélisque, c’est que nous sommes au solstice d’hiver.
La ligne symbolise le méridien de Saint-Sulpice à ne pas confondre avec le méridien de Paris (comme indiqué dans le roman de Dan Brown) qui passe par l’Observatoire de Paris.
C’est cet obélisque et le dispositif du gnomon qui ont fait la première réputation de Saint-Sulpice. Ils ont été commandés dans les années 1730 par l’ingénieux curé Jean-Baptiste-Joseph Languet De Cergy afin de déterminer précisément l’équinoxe de mars et pouvoir ainsi connaître la date exacte de Pâques.
Saint-Sulpice et le Da Vinci Code
Durant tout le roman les protagonistes sont à la recherche d’un objet, qui serait peut-être caché dans Saint-Sulpice.
“La clé de voûte est cachée sous la Rose Ligne.
À la base de l’obélisque de Saint-Sulpice.”
La Rose Ligne ? C’est justement notre petite ligne en laiton traçant le méridien de Saint-Sulpice. Mais pourquoi Rose Ligne ? Souvent à tort pris pour du cuivre à cause de ses reflets rosés, le méridien de Saint-Sulpice prend le nom de Rose Ligne. C’est également le nom donné à ce méridien par le Prieuré de Sion, une société secrète à l’origine médiévale. S’il est difficile de prouver l’existence d’un telle société secrète on sait que Dan Brown s’est largement appuyé sur les recherches de trois auteurs britanniques : Michael Baigent, Richard Leigh et Henry Lincoln. Leur ouvrage L’Énigme Sacrée a de quoi passionner tous les fans d’histoires secrètes !
L’histoire de l’église Saint-Sulpice est riche en rebondissements. Elle connaît une certaine célébrité grâce à son Gnomon qui éveille l’imagination chez les plus créatifs.
Le méridien de Paris ayant été fixé en 1667, celui de Saint-Sulpice n’a jamais été un méridien reconnu au niveau du royaume. C’est ce caractère officieux qui a créé une aura mystique et presque magique autour de ce méridien qui devient alors un sujet idéal de roman.
Adresse : 2 rue Palatine 75006 Paris.
Horaire des visites guidées :
-de l’église : tous les dimanches à 14h30
-des cryptes : 2è et 4è dimanches de chaque mois à 15h
-les parties hautes de la façade : 4è samedi du mois à 14h
