En tant que grandes amatrices de jolis papiers et de jolis carnets, lorsque nous avons découvert l’existence de Moulins à Papier en Auvergne, nous ne pouvions pas rater ça. Aventurieux est donc allé pour vous, (et un peu pour notre curiosité personnelle aussi, je l’avoue), à la découverte de ce mode de fabrication du papier.
Si je vous demande comment on fabrique du papier, vous me répondez ? “Avec des arbres, non ?”
Alors oui mais, si je vous disais que faire des feuilles à base de tissus récupérés c’était aussi possible ? Non seulement c’est possible mais en plus ça ne date pas d’hier. Cela fait plus de 700 ans que les moulins à papier recyclent les vieux linges en coton, en lin ou encore en chanvre pour en faire des feuilles de papiers.
Comment ça marche ?
1. Les tissus sont placés, avec de l’eau, dans des bacs, sous une pile à maillet qui va venir hacher et mélanger les tissus et l’eau pour en faire de la pâte à papier.
2. La pâte à papier arrive ensuite dans la cuve où le maître papetier va intervenir pour créer les feuilles de papier.
3. Comme la pâte à papier est plus lourde que l’eau à laquelle elle est mélangée, il faut régulièrement brasser le contenu de la cuve pour faire remonter la pâte et pouvoir fabriquer une feuille homogène.
4. Le papetier plonge un tamis dans la cuve et le ressort avec un petit mouvement secret qui garantit l’homogénéité de la feuille de papier.
5. Il faut ensuite étaler la feuille sur du feutre pour pouvoir ensuite la presser afin d’en extraire le plus d’eau possible.
6. Toutes les 100 feuilles environ, la pile de feutrine est disposée sous la presse en bois. Pour un pressage optimal, il faut 4 personnes !
7. Les feuilles de papier sont ensuite séparées de leur tapis en feutre une à une.
8. Le papetier se rend ensuite au grenier pour étendre ses feuilles qui mettent en moyenne 10 jours à sécher (cela varie énormément entre l’hiver et l’été).
Une tradition ancrée en Auvergne
Les Moulins à Papier ont prospéré pendant de nombreuses années dans les vallées Auvergnates. En témoigne le chemin des papetiers qui permet de se balader dans la vallée du Laga et d’admirer les anciens moulins de la région. Le principe est simple et très écologique : utiliser l’eau et la roue du moulin comme moteur pour transformer les tissus usés des chiffonniers en pâte à papier. C’est la plus vieille industrie de recyclage qui existe.
Après avoir arpenté les chemins de l’Auvergne, nous nous sommes rendues compte que finalement beaucoup de productions artisanales étaient finalement écologiques voire même bio. En effet, les auvergnats ont gardé énormément de savoir-faire traditionnels totalement en accord avec le respect de la nature et de l’environnement. Cette façon de faire est tellement ancrée que lorsque nous cherchions des initiatives écologiques pour nos reportages ce n’était pas évident à trouver car c’est finalement tellement inné que l’on n’en parle pas vraiment.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Le texte original de la 5ème constitution de 1958 a été imprimé sur du papier produit au Moulin Richard de Bas.
Un savoir-faire qui perdure
Le Moulin Richard de Bas appartient à la famille Peraudeau depuis 1941, lorsque Marius Peraudeau en fait l’acquisition. Dès 1943 il est ouvert au public avec cette volonté de faire découvrir l’univers du papier aux visiteurs. Régulièrement des expositions temporaires prennent vie au sein du musée.
Nous avons rencontré Sylvain, son petit fils, qui a repris l’entreprise familiale avec son cousin en 2010. Leur volonté est de préserver cette méthode de production artisanale où chaque feuille de papier est unique et faite à la main par un maître papetier. En moyenne le Moulin façonne 200 feuilles de papier par jour. L’été lorsque les champs sont en fleurs, le Moulin produit pendant un court moment des feuilles de papier avec des fleurs incrustées à la main.
Léa et moi avons tenté de faire une feuille nous-même, et l’on peut vous certifier que ce n’est pas un métier facile ! Il faut 3 à 4 ans de pratique pour être vraiment opérationnel.
AVEC LES ENFANTS
Durant la visite du Moulin, les enfants peuvent s’essayer au métier de papetier et fabriquer leur propre feuille de papier !
Le papier du Moulin est disponible à la boutique sous forme de simples feuilles vendues à l’unité, mais aussi de carnets, de papier à lettres ou encore d’enveloppes. De quoi faire regretter que la correspondance manuscrite ne soit plus tellement à la mode.
La visite du moulin est un moment hors du temps. On découvre, on se pose pour prendre le temps d’apprécier le savoir faire du papetier qui prend encore le temps de fabriquer feuille par feuille le papier du moulin. Dans un monde où tout va très vite Sylvain Peraudeau a su conserver un véritable havre de paix au coeur de cette jolie vallée.
Pour les plus curieux, Aventurieux vous a préparé une vidéo du Moulin Richard de Bas ! N’oubliez pas de vous abonner à la chaîne pour être sûr de ne rien rater de nos publications !