Aventurieux s’est aujourd’hui donné pour mission de vous raconter la fabuleuse histoire du village de Carantec dans le Finistère !
L’origine de Carantec est lointaine et religieuse. Elle proviendrait vraisemblablement de Saint Carantec (ou Carantocus pour les plus pointilleux), un moine en provenance du Pays de Galles. Il avait recueilli Ténénan (qui deviendra saint, lui aussi, par la suite). À l’époque, il était d’usage que les familles nobles aient au moins un fils moine c’est pourquoi Carantec pris soin de son protégé et l’éleva comme un père. La légende raconte même qu’il l’aurait guéri de la lèpre. C’est à la mort de son maître que Saint Ténénan aurait décidé de faire construire un monastère à son nom, dans le Finistère !
Pour rester dans le thème, nous ne pouvons pas continuer cet article sans vous parler de l’expulsion de religieuses en 1902 sur ce sol pourtant si religieux ! Il faut savoir qu’au début du 18è siècle, le titre III de la loi 1901 stipulait : « Aucune congrégation religieuse ne peut se former sans une autorisation donnée par une loi qui déterminera les conditions de son fonctionnement. Elle ne pourra fonder aucun nouvel établissement qu’en vertu d’un décret rendu en conseil d’État. La dissolution de la congrégation ou la fermeture de tout établissement pourront être prononcées par décret rendu en conseil des ministres «
Or bien-sûr, toutes les congrégations n’avaient pas obtenu ce droit… Voilà donc nos bonnes soeurs de Carantec expulsées de leur monastère, interdites d’enseigner la lecture aux enfants du village ! Les écrits retrouvés racontent :
L’exécution des décrets a eu lieu à Carantec à six heures du matin. (…) La maison d’école avait l’aspect d’une véritable forteresse. Derrière les portes, on avait dressé d’énormes barres de fer reliées par de solides fils de fer. À l’intérieur, des pompes étaient en batterie, prêtes à inonder les assiégeants. Le serrurier (…) s’est vu enlever les pinces des mains.
Journal Le Temps no 15036 du 14 août 1902
Si vous cliquez sur le lien du journal, l’article se trouve en bas de l’avant dernière colonne !
On a bien du mal à imaginer aujourd’hui la scène ! Mais les Filles du Saint Esprit avaient de la ressource ! Pensez à elles quand vous vous baladerez dans le village !
Si vous passez dans cette petite ville de 3.000 habitants, vous aurez sans doute du mal à vous imaginer ce que nous nous aprêtons à vous raconter. Mais en 1900, l’ancien maire de Carantec François de Kergrist avouait :
Ici comme partout il est vrai que le nombre des cafés est trop considérable. (…) Carantec compte 13 cabarets. La population étant de 1 800 âmes, c’est un cabaret pour 140 habitants
François de Kergrist
Comme vous le savez probablement, Carantec est une commune qui a longtemps vécu de l’agriculture (96,9% de la population communale) et de ses richesse côtières. Grâce à ses 902 ha, la commune assurait à ses travailleurs de la terre seine dans la lande, leur permettant de cultiver céréales et légumes. Mais les animaux n’étaient pas en reste ! On y comptait d’ailleurs plus d’animaux que d’habitants en 1836. C’est pourquoi Carantec a très rapidement fait partie des dix-huit seules communes du département à posséder en 1899 une société d’assurance mutuelle, avec pas moins de 80 adhérents, contre la mortalité des animaux de ferme, qui assure les chevaux et les bêtes à cornes ! Une vraie stratégie visionnaire !
Impossible de vous parler de Carantec sans vous raconter l’histoire du naufrage de l’Aboukir Bay. Un navire de grands voyageurs qui assuraient la liaison entre l’Europe et l’Amérique du Sud. Il avait alors chargé une cargaison de nitrate de soude à Iquique au Pérou et revenait en Europe. Mais dans l’après-midi du 18 novembre, la baie de Morlaix lui fut fatale ! Malgré les appels de détresse du Trois Mâts, personne ne put porter au secours au navire à cause de la tempête… Les corps des 19 naufragés se sont retrouvés quelques heures plus tard échoués sur la côte, dont 12 à Carantec.
Mais c’est ici que l’incroyable arrive ! Car le maire et le curé du village n’ont pas voulu inhumer les corps à Carantec ! Pourquoi, me direz-vous… Eh bien tout simplement parce que les marins retrouvés étaient anglais et américains et donc, probablement protestants… Les deux hommes ont alors mis en terre les pauvres naufragés dans un terrain vague, sans linceul ni cercueil ; sans hommage ni prière… De quoi soulever l’indignation parmi les carantécois !
Mais d’autres ont eu la chance que le port de Carantec les sauve… Et c’est le cas de la famille De Gaulle. En effet, saviez-vous que Yvonne de Gaulle et ses enfants auraient réussi à rejoindre le Général à Londres en partant de Carantec en juin 1940 ? Ils seraient passés par Brest et Falmouth, à l’abris des regard…
Une bien belle histoire pour clôturer notre article curieux !
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