Place de la femme

L’eresiak, un chant pour et par des femmes

Parler de la place de la femme dans la société au Pays Basque n’est pas une chose facile quand on a des yeux modernes. Mais il existe des activités que seules les femmes étaient habilitées à exercer. Et c’est le cas des Eresiaks, des chants de femmes. Aventurieux vous dit tout.

Femme, un statut complexe

Souvent quand on parle de la place de la femme dans la société basque, on rit. Quand j’en ai parlé récemment à ma grand-mère, elle m’a avoué : “tu sais, jusqu’à la génération de ton arrière-grand-mère, les femmes ne mangeaient pas à table avec les hommes. Elles mangeaient après tout le monde, à côté de la cheminée.” On peut trouver cela choquant. On peut trouver cela complètement irrespectueux.

Mais il faut le voir avec les yeux de la culture. C’est à dire qu’il faut remettre cela dans le contexte de toute une époque. La femme basque était très respectée par les hommes. En effet la plupart étaient des marins et partaient souvent des mois entiers à la pêche aux cétacés, au thon rouge etc. Les femmes faisaient alors tourner la maison. Elles s’occupaient de ramener de l’argent au foyer, éduquaient les enfants, et géraient la propreté générale des lieux. À ce titre elles étaient considérées comme les égales des hommes.

Des chants pour la liberté d’expression

D’ailleurs elles avaient certains privilèges. Et notamment celui de rendre hommage à travers les Eresiaks. Il s’agissait de dialogues (le plus souvent chantés) entre femmes de haut rangs qui étaient prononcés lors de grandes cérémonies comme les mariages, les deuils, et autres. Il ne s’agit absolument pas de chants niais ou mièvres. Ces chants sont à l’image des basques, ils ont beaucoup de caractère.

Les traces écrites de ces chants sont maigres. En effet, la culture basque se transmettait majoritairement de façon orale. La majorité de celles qui ont été retrouvées sont liées aux cérémonies funéraires d’hommes. 

C’est au moment du cortège que les femmes entraient en jeu. Leur but ? Accentuer le désespoir de la veuve pour qu’elle puisse exprimer toute sa douleur. La veuve était même un peu chahutée, puisque ses plus proches amies la poussaient tour à tour en lui disant “Galduahaiz eta galhadi !” ce qui veut dire (j’ai bien-sûr regardé la traduction sur internet car je ne parle malheureusement pas basque…) “Tout est perdu pour toi, tu n’as plus qu’à périr !”

Tout cela était accompagné d’une mise en scène assez particulière car les femmes devaient pleurer en se frappant le visage et s’arrachant les cheveux… Oui, clairement ce n’était pas hyper agréable à regarder… Tant et si bien que des prêtres ont demandé et obtenu une loi qui ordonnait aux femmes de prendre soin de leur beauté… Sont assez spéciaux ces basques… Mais qu’est-ce qu’on les aime !

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