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Le Château d’Ilbarritz, propriété du Baron de l’Espée

Albert de l’Espée était très attentif à sa santé et c’est ce qui l’oriente vers une construction éloignée du centre de Biarritz. Il est alors à 2,5km de la ville. Il peut tout de même profiter des cures réputées de Biarritz. 

Le Baron de l’Espée : hygiéniste et homme moderne

Le Baron est en quelque sorte obsédé par l’hygiène et les soucis de santé. À tel point qu’il suit à la lettre les consignes du courant hygiéniste qui se développe à la fin du XIXe siècle. Ce courant développe une presse écrite, une architecture et une culture de l’hygiène. Il est alors question que les grandes villes favorisent le développement des maladies, d’où sont choix de construction à l’écart de Biarritz. De même l’air marin est réputé comme étant très bon pour traiter les maladies, là encore cela explique l’emplacement, sur la falaise à la convergence des vents marins. Cette mode parisienne le fait passer pour un fou car les théories hygiénistes ne sont pas très connues à Biarritz à ce moment là. 

Un château à la pointe de la technologie

Il confie son projet de château à l’architecte biarrot Gustave Huguenin. Homme rationnel, il plaît beaucoup au Baron. 

Le château est constitué de plusieurs pavillons reliés par des galeries couvertes dites de cures, donnant un esprit de jardin chinois. On retrouve une devise hygiéniste : un esprit sain dans un corps sain. L’esprit sain est représenté par l’idéal zen de la culture chinoise et le corps sain par le côté cure de la demeure. 

Le château réunit toutes les connaissances les plus abouties de l’époque.

  • L’électricité y est installée, elle vient d’une usine hydro électrique installée dans un ancien moulin en contrebas du château. Pour l’anecdote, c’est l’actuel restaurant  La Plancha.
  • Un système de monte plat électrifié y est prévu par l’ascensoriste de la Tour Eiffel en personne !
  • Le château est équipé du téléphone. Il y a même plusieurs lignes juste pour le château, l’installation ressemble à celle d’une petite ville.
  • Un système d’évacuation et de traitement de l’eau ainsi qu’une fosse septique sont évidemment aménagé. Pour un hygiéniste comme le Baron cela était très important.
  • On retrouve également un système de climatisation mécanique.  On trouve dans le château une fabrique de bloc de glace. Ces blocs de glace sont ensuite inséré dans les murs grâce à un système de glissière entre deux fenêtres. Lorsque l’on ouvre la fenêtre l’air se refroidit au contact de la glace, ne laissant pénétrer dans le château uniquement de l’air frais.
  • On retrouve également un système anti-incendie, un paratonnerre et bien d’autres innovations.

Ce château est l’exemple même de la maison de l’avenir.

Le Grand Orgue du Baron de L’Espée

Grand amateur de musique, il commande un orgue. C’est le plus grand jamais commandé par un particulier et le 3ème plus grand orgue fabriqué en France derrière celui de Saint Sulpice à Paris et celui de Notre Dame de Paris. 
Tout le château a été construit autour de l’orgue, l’acoustique de la salle était donc parfaite car entièrement pensée pour l’instrument.  C’est la première fois que l’on construit une pièce pour un orgue et non pas l’inverse. 
Monté en 1898 à la fin des travaux puis démonté en 1903, lorsqu’il décide de ne plus revenir au château, l’orgue du Baron de l’Espée est désormais au sacré coeur à Paris. Il était tellement grand qu’il a dû y être monté différemment car il ne rentrait pas sous la voûte du Sacré Coeur. 

Le château d’Ilbarritz à la fin du XIXe siècle

Un destin tragique

Malgré toutes les innovations et l’emplacement de choix du château, le Baron ne séjourne pas plus de quelques mois dans la demeure. 
C’est suite à une rupture amoureuse en 1898, soit la même année de son emménagement, qu’il décide de fermer le château et de ne plus y revenir. 
Néanmoins, en 1905, il change d’avis et souhaite y revenir avec sa nouvelle maîtresse. Il commande donc un nouvel orgue et demande à Gustave Huguenin de remettre le château au goût du jour.
Chaque année il y passe le mois de septembre et d’octobre. 

Mais en 1911, il vend son domaine et le château à Pierre Barthélémy, qui souhaite developper de maniere commerciale la propriété. Il y ouvre un golf. La Première Guerre Mondiale arrive et le château est réquisitionné en hôpital pour les soldats ayant été touché par des gazs.

En 1920, Pierre Barthélémy récupère le château mais il est en mauvais état et il décide de vendre un partie du terrain. Un programme immobilier d’hôtel casino voit le jour et les pavillons et les galeries couvertes sont détruites. 

Les seuls bâtiments rescapés aujourd’hui sont le restaurant Le Blue Cargo, Château et le restaurant de la plancha. 

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